Si nous voulons progresser dans la gestion de la colère, l’accueillir et lui faire face est le seul moyen de rester en bonne santé et de cultiver des relations saines. Mais cette émotion primaire est une des plus difficiles à négocier. Avec l’approche du Voice Dialogue nous pouvons apprendre à apprivoiser notre colère et à la vivre de manière saine.
Gestion de la colère, un défi?
La colère. Vous connaissez? Cette émotion urgente qui s’empare de nous avec violence et qui quand elle s’exprime, s’accompagne souvent d’agressivité. Ou bien cette rage froide qui reste latente en nous, se réveille quand on pense à une situation, à une personne, entretenue par des pensées sombres et vindicatives. Vous connaissez aussi? Qui se manifeste par de signes physiques d’oppression, de souffle court, de mâchoires serrées de sourcils froncés…Cela vous parle?
Plus encore que d’autres émotions que nous n’aimons pas ressentir, telles que le chagrin, la tristesse ou la peur, la colère semble être particulièrement rejetée chez la plupart d’entre nous.
Et pourtant, malgré tous les discours bien pensants, nous vivons dans un monde de colère.La colère est en nous, la colère flamboie autour de nous. C’est une émotion élémentaire et il est impératif que nous puissions vivre avec.
Mais parce que nous avons appris que la colère c’est « mal » et que nous avons peur de nos propres réactions, nous ne savons pas l’accueillir ni l’exprimer de manière juste. Nous nous rêvons mesurés paisibles, « équilibrés » en toute situation. Et comme cela est impossible, nous la projetons sur les autres, nous la laissons-nous posséder n’importe comment et mettre le désordre en nous et dans le monde.
Faire face à sa colère, c’est le seul moyen de rester en équilibre! Le Voice Dialogue nous propose d’accueillir nos co personnalités intérieures qui portent beaucoup de colère, parfois depuis très longtemps. Les écouter, comprendre leur message, est la garantie pour nous d’entretenir des rapports sains aux autres et à nous-même!

La colère, une émotion instinctive
Les scientifiques la considèrent comme une émotion essentielle. Une émotion qui gagne toutefois à être apprivoisée, pour pouvoir la mettre au service de notre bien-être. Car elle peut s’avérer destructrice pour nous-même comme pour les autres.
La colère est une émotion saine ressentie lorsque l’on vit une insatisfaction ou qu’un besoin (désir, attente, etc.) n’est pas comblé. Comme toute émotion, la colère mobilise l’énergie autant de notre corps (réactions physiques visibles) que de nos pensées (activité cognitive) .
Une émotion ordinaire à la base, vitale même, car elle nous indique de manière instinctive ce qui peut être un danger pour nous, ce que nous devons combattre. Elle nous met en énergie pour ce combat. Elle nous informe de besoins vitaux de respect et de limites.
Quand nous tuons cet instinct, nous tuons une part de nous-même liée à notre intelligence instinctive- et nous mettons notre sécurité en danger.
Gestion de la colère: ne rien dire ou exploser?
Taire sa colère n’arrange rien et peut donner lieu à des sentiments d’amertume, de ressentiment et même de haine. En définitive, la colère cachée ou refoulée peut être dommageable pour soi et les autres.
Laisser libre cours à sa colère n’est pas non plus une option à privilégier.
Certains chercheurs nous mettent en garde : les coups de colère répétés exposent quant à eux à des risques accrus de problèmes cardiaques. Ainsi dans les deux heures qui suivent un accès de colère de la part d’une personne présentant une tendance à laisser libre cours à ses émotions de colère, les infarctus sont cinq fois plus nombreux et les AVC, trois fois plus fréquents.

Nous ne savons pas accueillir notre colère, et encore moins l’exprimer. Souvent nos confrontations nourries par la colère basculent dans la violence.
La colère, une émotion taboue
Et cela ne date pas d’hier..
Pour l’Église, c’est toujours péché et même, péché capital !
Un péché capital est considéré comme être à l’origine de multiples autres péchés. La colère fait partie du tableau des sept péchés.
La colère est aussi extrêmement mal vue du côté des bouddhistes. Elle est considérée comme une émotion dont il faut se débarrasser et elle fait partie des trois poisons. « S’accrocher à la rage, c’est comme attraper un charbon ardent dans l’intention de le jeter sur quelqu’un : c’est vous qui vous brûlez. » Paroles du Bouddha .
Péché, poison…. Madame colère n’est pas bien vue au royaume spirituel, et si vous portez une forte co personnalité spirituelle, il est bien possible que votre colère erre au royaume des reniés, prête à surgir quand on ne l’attend pas, portant des masques pour se cacher….
Gestion de la colère: une expérience d’enfance douloureuse
Nous avons souvent une terreur viscérale de nos propres colères. Cela peut être en lien avec notre histoire d’enfant, quand la colère d’un parent s’exprimait à travers la violence.
De manière générale, nos colères d’enfant ont rarement été accueillies et acceptées. Il s’ensuit une confusion inconsciente identifiant les ressentis de colère avec les actions violentes, présupposant que la colère elle-même est dangereuse pour soi et pour les autres.
Face aux comportements de colère de leur enfant les parents sont souvent désemparés. Ou se mettent eux-mêmes en colère parce qu’ils pensent que leurs enfants agissent ainsi dans le but de les manipuler. On parle alors de « caprices ». Face à des crises de colère, et eux-mêmes à bout de nerfs, ils punissent l’enfant, l’isolent…
On sait aujourd’hui, grâce à la recherche scientifique et aux neuro sciences, que ces comportements s’apparentent à de la maltraitance.
Jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans, l’enfant est le jouet de véritables tempêtes émotionnelles qu’il est physiologiquement incapable de maîtriser. Car son cortex préfrontal, notamment, celui qui contrôle les impulsions et les émotions, manque tout simplement cruellement de maturité. Il est incapable de prendre du recul pour se calmer.

La colère d’un enfant est souvent mal vécue par les parents qui ont eux-mêmes du mal à gérer leur propre colère.
La colère, une émotion reniée
Les conditionnements vécus très tôt dans nos vies peuvent facilement transformer l’énergie puissante et dynamique de la colère en ressentiment, victimisation, amertume, ressassements, générant de la confusion émotionnelle et rendant impossible l’accès à une quelconque compréhension de ce que cette colère veut nous dire.
Par exemple, une personne habitée par la colère, si nous lui faisons remarquer, bien souvent le niera, affirmant d’une voix pleine de colère contenue qu’elle est parfaitement calme.
Adultes, nous sommes devenus extrêmement inventifs dans la gestion de l’émotion colère. Voici quelques exemples de ce que nous faisons avec notre colère.
- Au lieu de ressentir notre colère, nous nous sentons très fatigué et sans énergie.
- Nous sommes en colère, et étrangement nous avons envie de dormir.
- Nous portons un masque froid et distant et à l’intérieur notre colère bouillonne.
- Nous quittons la pièce quand nous décelons la moindre trace d’agressivité dans le ton de notre partenaire, et coupons court à notre propre colère.
- Nous sommes fous de rage, et nous nous mettons à pleurer.
- Nous ressassons une colère froide et la mastiquons pendant des jours, en l’alimentant de toutes sortes de pensées et de fantasmes de vengeance, et nous nous rendons malades.
- Mais nous ne disons rien, nous continuons comme si de rien n’était. Nous tombons réellement malades.
- Notre gentil voisin, sans prévenir personne, tue sa femme dans la nuit.
- Nous haïssons une personne ou un groupe de personne parce qu’ils sont d’un autre pays, parlent une autre langue, ont une autre couleur de peau.
- Nous détestons les pauvres, ou les riches.
- Nous vivons dans la peau d’une victime perpétuellement en colère sans même le savoir.
- Nous noyons notre colère dans l’alcool : pas de chance, elle ressort quand nous sommes saoul.
- Nous invectivons de mots grossiers un automobiliste inconnu parce qu’il s’est garé à la place de parking que nous convoitions..
- Nous nous impatientons des cris d’un enfant. Nous ne supportons pas « les « caprices ».
- Nous retournons notre colère contre nous, nous nous blessons physiquement.
Ceci n’est bien entendu, pas une liste exhaustive !
Demandez vous: et moi, qu’est-ce que je fais de ma colère ? Est ce que je connais cette émotion ? Suis-je en capacité de la ressentir ? Est-ce que je l’envoie dormir ? Est-ce que je la noie dans l’alcool, ou tout stratagème qui me permettra de ne pas l’accueillir? Et qu’y a t il derrière cette colère? Quels sont mes déclencheurs? Quelles autres émotions cache-t-elle, que vient-elle protéger?
Pour gérer notre colère, accueillir nos co personnalités reniées
En Voice Dialogue, nous savons que les co personnalités en nous qui portent la colère sont très souvent reniées. De ce fait, nous ne les reconnaissons pas alors qu’elles vivent en nous, mais cachées, dans l’ombre. Ce qui les rend dangereuses, car porteuses d’une puissante énergie refoulée qui agit alors hors de notre contrôle et commet des dégâts.
C’est le seul moyen pour retrouver le chemin de notre équilibre.

Gérer sa colère: prendre en compte sa vulnérabilité
Tout être humain est vecteur de violence et ce n’est qu’en reconnaissant cette violence à l’intérieur de soi que chacun à la puissance d’y mettre fin.
Accéder ensuite à son pouvoir, celui de se protéger et de prendre en charge ses besoins –en tenant compte de la vulnérabilité de l’autre– est la source d’une relation de paix durable.
Nous comptons très souvent sur l’autre pour prendre soin de nous, car nous n’avons pas le droit d’être égoïste. Le résultat: nous finissons en rage, en colère, ou “ irrités ” par tous ces gens qui ne pensent qu’à eux.
Nous agissons de façon juste, l’autre non. Nous oublions que nous agissons de façon juste pour nous !
Prendre conscience qu’en réalité nous avons de nombreux besoins et savoir les négocier transforme nos relations. Renier sa vulnérabilité est grave, c’est la porte grande ouverte à des comportements destructeurs pour soi et pour l’autre.
Gérer sa colère, pas à pas
- Chercher à percevoir ce que nous ressentons (émotions, sentiments) et nos besoins : prendre contact avec notre vulnérabilité. Rester conscient des pensées violentes qui nous viennent à l’esprit sans les juger. Se donner d’abord de l’empathie à soi-même.
- Savoir que l’autre est vulnérable et que ce qu’il fait est ce qui est le mieux pour lui, en fonction de sa propre vulnérabilité. Lui donner aussi de l’empathie.
- Lorsque nous fixons notre attention sur notre vulnérabilité et lorsque nous pouvons la transmettre nous avons trouvé la clé de la communication.
- Si je néglige la vulnérabilité de l’autre, celui-ci a deux solutions : me quitter ou me tuer.
- Si je néglige ma propre vulnérabilité, je deviens une victime.
- La victime porte le ressentiment, l’amertume, les reproches et la haine. Régulièrement, elle se transforme en bourreau.
Un des opposés de la colère est l’empathie et la bienveillance.
L’empathie permet le partage de la vulnérabilité.
Quand je ressens de l’empathie pour moi et pour l’autre, je désamorce la colère.
L’empathie vient naturellement lorsque nous touchons du doigt à quel point tout être humain, y compris nous-même, est vulnérable.
Lorsque nous développons la bienveillance envers nous-mêmes, très naturellement la bienveillance envers l’autre suit.
